SEASONAL AFFECTIVE DISORDER

 

SEASONAL AFFECTIVE DISORDER de Lola Molina

 

 

 

Mise en scène Lélio Plotton

 

Avec Anne-Lise Heimburger, Laurent Sauvage

 

 Quoi de mieux que la salle "Paradis" du Lucernaire (perchée tout en haut du lieu comme une palombière) pour venir voir et écouter cette histoire non politiquement correcte, ce récit d'une descente aux enfers ?

C'est en effet l'histoire de Vlad et de Dolly, de leur cavale avec un parfum d'Amérique à la Bonnie and Clyde, épicée d'une relation d'amour à la Lolita de Nabokov. Déjà le nom "Vlad" qui évoque son bon petit vampire, met de suite dans l'ambiance. Et Dolly, à la fois poupée et brebis, petit bout de femme si jeune et déjà prêt au sacrifice ?

Seuls contre tous, lui, la quarantaine nonchalante un brin désabusée, elle, 18 ? 16 ? 14 ans ?... Dés lors que peuvent-ils devenir d'autres que des fugitifs ? D'autant qu'elle n'est pas claire la gamine, mais alors pas du tout, surtout rapport à ces petites taches de sang séché retrouvées sur sa nuque...

On sent tout de suite que tout cela va mal finir. Déjà, leur lune de miel (si l'on peut dire) dans un hôtel anonyme au bord du périph met d'emblée le spectateur dans un mood où le sublime va côtoyer le glauque.

Mais si dans cette histoire tous les codes moraux et sociaux sont sciemment transgressés, la cohérence du récit reste entière et la dramaturgie forte. C'est toute la grandeur et la pertinence de l'écriture de Lola Molina dont la plume à la fois incisive, poétique et cruelle nous touche par sa vraisemblance et sa sincérité.

Ce spectacle d'une grande fraîcheur où une importance particulière a été apporté au travail du son et de l'image souffre néanmoins de quelques faiblesses.

La mise en scène pour fluide qu'elle soit n'évite pas une certaine redondance. D'autre part, le choix d'une comédienne mature pour incarner une adolescente, est très discutable. Sans remettre en cause le talent de celle-ci, force est de constater qu'on ne ressent pas le trouble, le malaise qu'on devrait percevoir face à une histoire d'amour entre un homme de 40 et une fille de 14.

C'est là pour moi, la principale critique envers ce spectacle : vraiment on se pince un peu pour y croire !

C'est dommage, le projet est vraiment novateur et le potentiel de l'histoire immense.

 

Y aller bien sûr pour la force de l'écriture et la belle voix de Laurent Sauvage.

 

MB