PAPA VA BIENTOT RENTRER

 

PAPA VA BIENTÔT RENTRER de Jean Franco

 

 

Mise en scène José Paul

 

avec  Marie-Julie Baup, Lysiane Meis, Benoit Moret

 

Retour dans la petite salle du Théâtre de Paris - enfin "petite", façon de dire pour une salle de 300 places quand même !

L'action se déroule aux États-Unis en 1967 dans un bled du Maine. Deux femmes dont les époux respectifs sont soldats au Vietnam se soutiennent mutuellement dans leur solitude. Or, si l'une est une ancienne activiste (Mia), l'autre est une synthèse de femme soumise et heureuse de l'être (Susan). Pourtant, entre les deux épouses délaissées, le courant passe. Cependant, la venue d'un déserteur, ex-petit amie de Mia, va bouleverser leur petite vie routinière. A la menace qu'il constitue lui-même s'il se fait prendre, s'ajoute les sentiments troubles de Mia qui n'éprouve plus grand chose pour son propre mari...

Deux ans avant Woodstock, le cœur de l'Amérique est déjà partagé entre des aspirations nettement antagonistes : pacifisme et va-en-guerre, libération des mœurs et ordre moral. Bref, entre modernité et tradition. Cela constitue la toile de fond de cette pièce qui balance constamment entre le grave et le léger, et qui emballe sa petite histoire bien noire dans un papier coloré et acidulé.

J'ai apprécié le texte de José Paul justement pour cette habileté à raconter une histoire simple et forte en la maquillant sous les couleurs de la comédie.

La mise en scène est franchement efficace, si ce n'est la manie de faire s'agiter Mia à tout propos : ça finit par court-circuiter l'action.

Côté interprétation, si Benoit Moret pose son personnage avec justesse et sensibilité, Marie-Julie Baup ne parvient pas à nous toucher, prisonnière d'un jeu stéréotypé dont elle ne réussit pas à s'extraire.

Mention spéciale en revanche pour Lysiane Meis qui incarne la ménagère idéale un peu nunuche sans tomber dans la facilité, et parvient même à nous faire partager toutes ses émotions.

 

Bref, un spectacle attachant.

 

MB