TABLEAU D'UNE EXECUTION

TABLEAU D'UNE EXECUTION de Howard Barker

 

Mise en scène Claudia Stavisky

 

avec David Ayala, Éric Caruso, Christiane Cohendy, Anne Comte, Luc-Antoine Diquéro, Sava Lolov, Philippe Magnan, Julie Recoing, Richard Sammut

 

 

Le Théâtre du Rond-point est le lieu préféré de ceux qui aiment le théâtre contemporain, mais apprécient également un peu de dérision et d'humour.

Bon, Tableau d'une exécution n'est pas vraiment ce qu'on pourrait appeler une pièce hilarante, certes, et son sujet est pour le moins sérieux : le rapport de l'art (et de l'artiste) vis à vis de la politique, de la guerre et de la fin qui justifie les moyens. Sans oublier, la place de la femme dans la société !  Bref, du lourd !

Nous sommes donc à Venise, fin 16eme siècle, entre renaissance et époque moderne. L'histoire est celle d'une commande passée à une artiste nommée Galactia pour peindre une grande fresque célébrant la victoire de Lepante (pour les plus incultes, cette victoire de 1571 a permis aux états italiens alliés aux espagnols de stopper l'avancée ottomane en méditerranée.) Le problème réside ici dans le fait que ce genre d’exécution, outre qu'il exige habituellement l'observance de certains codes académiques, doit être peint tout à la gloire des vainqueurs. Or Galactia, femme libre et artiste sans concession, y voit plutôt l'occasion d'y exposer son dégoût de la violence et de la guerre. Son entêtement à poursuivre dans ce sens la réalisation de l'immense composition, va bientôt lui mettre à dos l'état et l'église...

Le texte d'Howard Barker est à la hauteur de son sujet : profond, cru et redoutable. Il interroge pour finir le statut de l'artiste vis à vis des puissants et de l'argent. Question là-aussi intemporelle.

Mis en scène d'une façon à la fois fluide et grandiose, avec de gros moyens scénographiques, Claudia Stavisky réussit son pari dramaturgique et esthétique.

Philippe Magnan pour sa part campe un doge onctueux et manœuvrier avec une réussite incontestable.

Plus de réserve en revanche vis à vis de Christiane Cohendy (Galactia) qui - bien que toujours juste - nous épuise un peu par un jeu linéaire et exagéré.

 

En bref, un spectacle à ne pas rater qui vous reste durablement au fond de la rétine.

 

MB