CLÉRAMBARD

CLÉRAMBARD de Marcel Aymé

 

 

 

avec 

Grégoire Bourbier, Annie Chaplin en alternance avec Isabelle de Botton, Séverine Delbosse, Franck Desmedt, Antoine Guiraud, Hervé Haine, Romain Lagarde, Guilaine Londez, Flore Vannier-Moreau

 

Mise en scène

Jean Philippe Daguerre

 

Refait à neuf, Le Théâtre 13 côté Jardin offre tout à la fois un agencement idéal en amphithéâtre pour le public et un plateau de belle taille. Bref, un lieu magnifique bien qu'un tantinet enclavé dans un groupe d'immeubles façon HLM.

Je dois confesser que pour moi Marcel Aymé c'était surtout la Vouivre, Uranus et le Passe-Muraille, et que son théâtre m'avait largement échappé. C'est donc avec un certain plaisir que j'ai découvert ce Clérambard, comédie et satire sociale un brin féroce.

Voyez plutôt : un noble accablé de dettes fait travailler sa famille du matin au soir pour parvenir à conserver le château de ses ancêtres. Mais les affaires vont de mal en pis, et ils en viennent à manger du chat ou du chien, pauvres bêtes que le comte tue lui-même avec un zeste de sadisme. C'est là que ce dernier rencontre ou croie rencontrer Saint François d'Assise en personne et devient aussitôt féru de religion. Il impose alors à sa famille - avec le même aveuglement que celui qui était sien de ne pas déchoir de son rang - son nouveau catéchisme.

Il y a une pure férocité dans le texte de Marcel Aymé qui enfile dans le même collier l'aristocratie du sang, la petite bourgeoisie d'affaire, les filles de joie et les curés. Un jeu de massacre qui fonctionne par l'absurde, mais à la mécanique précise et redoutable. Sa langue est incroyablement riche, à la fois populaire, précieuse et pleine d'invention. Il n'y a pas non plus de tabous pour Marcel Aymé qui renverse la table du jeu social sans se préoccuper des affects. Entomologiste autant que pyromane, les archétypes sociaux qu'il épingle ici sont d'une vérité criante ! Et il faudrait être sourd pour ne pas y entendre des résonances avec notre époque.

Ce spectacle à la mise en scène rigoureuse magnifie la comédie d'Aymé : Jean-Philippe Daguerre a su trouver le ton juste entre classicisme et modernité, aidé par une distribution de haut vol qui porte sans faiblir cette hyperbole sociale vers des sommets de non sens et de drôlerie !

 

Que dire de plus sinon de vous y précipiter ?

 

MB