ABIGAIL'S PARTY

ABIGAIL'S PARTY de Mike Leigh

 

Avec Lara Suyeux, Alexie Ribes, Dimitri Rataud, Cédric Carlier, Séverine Vincent

 

Mise en scène Thierry Harcourt

 

Adaptation Gerald Sibleyras

 

Sur l'affiche, rien que du bon : l'auteur Mike Leigh, adepte du Free cinéma britannique où il montre sans fard les classes moyennes et défavorisées, mais avec distance et humour; l'adaptateur Gérald Sibleyras (Un petit jeu sans conséquence...); le metteur en scène Thierry Harcourt ( The Servant...); plus une distribution de comédiens extrêmement capés : le tout au Poche Montparnasse, lieu réputé pour la qualité de ses spectacles depuis sa réouverture, bref, que du lourd !

Bon, avant de vous dire ce que j'en pense, voici la situation d'ouverture : un couple qui ne s'entend plus du tout reçoit chez lui un autre couple plus jeune qui vient d'emménager dans le quartier. Une voisine - dont la fille Abigail organise à domicile une sauterie d'anniversaire - les rejoint bientôt. La maîtresse de maison en fait trop, son mari est au bord du burn-out et les invités sont vite très mal à l'aise. Tout cela se passe dans des costumes et décors années 70 du plus bel effet...

Alors ? Eh bien, la première chose qui ne fonctionne pas dans cette pièce adaptée du cinéma, est que le couple invité parait visuellement d'un niveau social supérieur à celui invitant : sapés dernier cri, beaux et sûrs d'eux-mêmes (même s'ils jouent la gaucherie un peu niaise), on ne comprend pas que la jeune femme s'ébahisse tellement sur tout ce qu'elle voit dans la maison. Elle même, jolie silhouette gainée d'une combinaison très Barbarella éclipse sexuellement la maîtresse de maison (et rend invraisemblable le jeu de séduction de cette dernière avec son jeune mari.)

Le problème dans ce genre de performance, c'est qu'il faut un peu se pincer pour y croire : d'autant que l'histoire se déroule d'une façon linéaire, sans pente, et donc sans dramaturgie (hormis la scène finale, très plaquée et à la limite du ridicule.) Je ne dis pas cependant que tout est à jeter, et qu'on ne se surprend pas parfois à sourire, mais l'ambition d'avoir voulu faire d'un drame social subtil et drôle une comédie théâtrale efficace, est ratée.

J'ai apprécié pour ma part le jeu de Cédric Carlier, dont le personnage (cela aide) reste cohérent, ainsi que celui d'Alexie Ribes. Quant à Lara Suyeux dont le rôle de maîtresse de maison est central, la comédienne mérite sans doute mieux que la façon dont on la fait hurler et gesticuler tout au long de la pièce.

 

Bref, on ne reconnait pas la patte de Mike Leigh dans cette adaptation poussive.

 

Y aller si l'on est un fan inconditionnel des ambiances 70.

 

MB