DEUX MÈTRES DE LIBERTÉ

 

DEUX MÈTRES DE LIBERTÉ

Réda Seddiki

 

 

 

 

 

 

Si je vais parfois voir des One-man, il est très rare que j'en fasse chronique sur ce blog. Exception donc pour ce spectacle qui mérite le détour.

La Nouvelle Seine est un lieu sur une péniche amarrée au quartier latin, on peut même y diner si l'on n'est pas raide.

Évolution et suite de son précédent spectacle Lettres à France, Réda Seddiki reprend et peaufine son personnage de déraciné à l'insu de son plein gré : un pied là-bas, l'autre ici. On pourrait même dire : son corps à Paris, son cœur à Tlemcen. Encore que les choses ne soient peut-être pas si nettes, et que le personnage qu'il incarne paraisse finalement tiraillé entre ses deux cultures.

Il est vrai hélas que les relations entre l'Algérie et la France sont teintées depuis bien longtemps de schizophrénie aigüe, qu'il ne semble plus à nous autres français que quoi que soit de positif puisse jamais un jour nous arriver de ce pays-là (mis à part le couscous), pays dont on ne sait d'ailleurs plus grand chose, il faut bien le dire.

C'est donc à un voyage dans ce territoire si proche et si lointain que nous invite Réda, faisant défiler toute une galerie de personnages drôles et émouvants, et où se dessine en creux la façon qu'il ont de nous percevoir, nous, qui avons cessé de nous intéresser à leur sort et à leur destin.

Bien sûr, Réda n'est pas toujours tendre avec la France dont l'esprit de fraternité est bien souvent une hypocrisie, mais il sait trouver le ton juste pour ne pas instruire à charge, et n'oublie pas de déclamer son amour à ce pays qui est désormais le sien.

Bien écrit, subtil, constamment drôle, ce seul en scène déclenche des rires mérités et du plaisir tout au long du spectacle.

Et plus que tout, Réda Seddiki sait tenir son auditoire. C'est une qualité qui pourrait le mener loin.

 

 

A la Nouvelle Seine,

 

MB