IVO LIVI

 

IVO LIVI ou le destin d'Yves Montand de Ali Bougheraba, Cristos Mitropoulos

 

 

Mise en scène Marc Pistolesi

 

 

Avec Camille Favre-Bulle, Ali Bougheraba, Benjamin Falletto, Cristos Mitropoulos, Olivier Selac

 

 

Il y avait un petit moment que votre serviteur n'avait pas foulé la moquette de la "Gaîté Montparnasse", vieille dame dont la noble salle ne pourra pas faire encore longtemps l'économie d'un lifting, à mon avis.

 

Ivo Livi - ou le destin de notre Yves Montand national - retrace donc le parcours du petit Ivo depuis l'exode à Marseille avec sa famille fuyant à la fois l'Italie fasciste de Benito et la misère, jusqu'à la mort du grand comédien sur le tournage d'IP5 de Beineix.

Nous voici désormais projeté dans le Marseille des années 30, où le petit Ivo découvre Fred Astaire au cinéma tout en faisant à peu près n'importe quoi pour survivre. Il faut dire que la grande dépression à ruiné la petite entreprise de ses parents, et que toute la famille se retrouve à la case départ. Pourtant, malgré les difficultés effroyables de l'époque, le dynamisme de la cité phocéenne est extraordinaire : brassage multi-culturel unique pour l'époque en France, la vie sous toute ses formes bouillonne, le music-hall fait le plein, et Ivo trouve là tous les matériaux nécessaires à sa construction d'homme et d'artiste.

Je dois admettre que je ne suis généralement pas un adepte des "biopics", surtout quand un intermittent mythomane se clone en star de la chanson genre sosie pour soirée privées, mais là, rien de tel : chacun incarne tour à tour le comédien-chanteur avec une légèreté qui fait tout passer ! L'alternance des scènes jouées et chantées est juste parfaite, et l'on se retrouve embringué dans cette vie comme dans un roman !

Si le spectacle insiste particulièrement sur les premiers pas et les premiers succès du jeune Montand, sur son milieu - famille d'immigrés communiste italiens - et sur l'atmosphère du Marseille d'avant-guerre, c'est bien que se trouve là ce qu'il y a de plus émouvant dans la genèse d'un artiste avant qu'il ne devienne une icône intouchable.

Autre élément qui marqua toute sa vie Montand fut le besoin qu'il eût dans la France vichiste de devoir prouver sa non-judaïté aux autorités : Livi, Lévy, il n'en fallait pas beaucoup plus parfois pour se voir offrir un aller simple en Pologne orientale, ce qui fut le sort d'un de ses proches camarades, et qu'il n'oublia jamais.

Bien sûr, le reste de sa vie, ses succès, ses liaisons avec Edith, Marilyn et Simone sont évoqués par petites touches brillantes, et on notera ici l'exceptionnelle prestation de la comédienne Camille Favre-Bulle à la voix magnifique et pour qui tout semble facile !

La mise en scène de Marc Pistolesi est un exemple d'efficacité : il ne lui faut que quelques bouts de ficelle pour faire exister n'importe quelle situation, n'importe quelle ambiance ! Cela paraît si simple quand les choses sont bien faites !

 

Bref, ce spectacle emballant fruit de la collaboration d'Ali Bougheraba et de Cristos Mitropoulos que j'avais déjà croisé dans "Un de la Canebière" vaut largement le détour, même si - il doit y en avoir - on n'apprécie pas plus que ça le Grand Escogriffe !

 

Reprise à partir de Janvier au Théâtre Tristan Bernard

 

MB