A PLATES COUTURES

 

 A PLATES COUTURES de Carole Thibaut

 

 

 

Avec : Angeline Bouille, Barbara Galtier, Chantal Péninon, Simon Chomel, Claudine Van Beneden

 

 

Mise en scène : Claudine Van Beneden

 

Affaire Lejaby : des dessous pas très sexy.

 

Après "Aubade" en 2009, ce fut le tour de "Lejaby" (Yssingeaux) en 2010 de voir fermer son site de production. En France, on ne compte plus les délocalisations de l'appareil productif, ainsi que les luttes sociales inhérentes : de Continental à Goodyear en passant par STmicroelectronics, la liste noire des boites qui sont allées voir ailleurs si la main d’œuvre était moins chère (et qui se remboursaient la différence) serait longue.

Mon prof d'Histoire-Géo m'avait expliqué, nous étions en 80 (eh oui...) que le monde avait changé le jour où l'on avait pu faire faire le tour de la planète à une chaise pour 20 francs (3 euros pour les plus jeunes). Nous en sommes toujours à payer les conséquences de cette circumnavigation à prix cassé ! Le monde change, adaptez-vous ou mourrez ! Le credo ultra-libéral est clair.

Dans le cas de la confection de luxe, l'arnaque est d'autant plus ignoble que les marges sont colossales, et qu'une délocalisation à l'étranger est juste une façon de s'en mettre un peu plus plein les fouilles. Mais tout cela vous le saviez déjà.

Le spectacle insiste lui sur le côté humain de cette lutte inégale : la prise de conscience, la solidarité, le courage : elles sont sublimes ces ouvrières avec ou sans dessus dessous. Chacune dans son histoire, retrouvant peu à peu sa dignité de citoyenne, de femme. Jetées comme de vieux torchons par leur employeur qui a organisé artificiellement les difficultés du site, manipulées par les politiques (bonne scène où l'on peut reconnaitre un Montebourg cocaïné venu faire son show) les Lejaby gardent la tête haute envers et contre tout.

Cependant, si la cause est bonne, le spectacle manque un peu de fraîcheur. Tout cela a déjà été vu et un tel sujet mériterait plus d'audace. La succession des scènes paraissant un peu convenue.

 

Bref, c'est de la belle ouvrage, les comédiennes sont formidables d'humanité et de présence, mais ça n'apporte rien de nouveau. Et c'est dommage.

 

Avec qui ? Ceux qui aiment les belles histoires qui finissent mal.

 

A 12h00, au Théâtre du Roi René, Festival OFF d'Avignon 2015

 

MB