LE CAS DE LA FAMILLE COLEMAN

 

 LE CAS DE LA FAMILLE COLEMAN de Claudio Tolcachir

 

 

avec : Fanny Aubin, Guillemette Barioz, Arnaud Dupont, sylvie feit, Kamel Isker, paul jeanson, elise noiraud, boris ravaine, Julien Urrutia

 

Mise en scène : Johanna Boyé

 

Bienvenue chez les Groseille !

 

Chez les Coleman on est fauché de génération en génération. C'est le règne du système D, entre chacun pour soi et un minimum de solidarité familiale quand même. Seule la fille de la famille tente de gagner sa vie classiquement. Mais sa petite entreprise de couture à domicile coincée entre le canapé et la table de cuisine ne risque pas de la sortir de là. D'autant que de ses deux frères, l'un est un simplet (qui a parfois des fulgurances de compréhension redoutables) et l'autre un taiseux, teigneux, qui vit de petits trafics minables. Leur mère (le mari n'est plus là) est quant à elle follette et immature, et la grand-mère bien brave, mais usée.

Nous avons en outre :

La mère qui couche avec son fils (le simplet).

La sœur qui couche avec son frère (l'autre).

Vous me direz que la barque est bien chargée, et c'est vrai que même si tous vos chakras sont ouverts, ce n'est pas facile de se réclamer d'une telle famille !

C'est pourtant ce que doit faire la seconde fille, l'ainée, (executive woman en tailleur, bégueule et coincée) qui a réussi sa vie en dehors du cocon familial, et qui réapparait quand la grand-mère tombe malade. Or, si elle ne manque pas de courage, elle appartient à un monde où l'on sait se tenir, et les débordements de sa tribu d'origine la révulsent. Il faut dire qu'ils sont gratinés, les Coleman ! Toujours affamés, sales, voleurs, se bagarrant et s'embrassant à tout propos : quand ils débarquent dans la clinique immaculée de son amant (on se trompe beaucoup chez les bourgeois) - c'est la panique !

Deux autres personnages complètent la galerie : le médecin et le chauffeur. On ne croit pas une seconde à la vérité de leur personnage : les comédiens n'y sont pour rien d'ailleurs.

Bref, malgré l'énergie et la qualité pro du spectacle, on s'épuise à comprendre le pourquoi d'une telle démonstration. Ça crie, ça s'agite, et au lieu de nous émouvoir, ça nous ennuie.

A force d'en rajouter dans l'abject, tout cela a même un côté monstrueuse parade finalement assez étrange.

 

Avec qui ? Franchement, je me le demande.

 

Au théâtre du Roi René, Festival OFF d'Avignon 2015

 

MB