UNE FAMILLE AIMANTE MÉRITE DE FAIRE UN VRAI REPAS

 UNE FAMILLE AIMANTE MÉRITE DE FAIRE UN VRAI REPAS de Julie Aminthe

 


Avec Olivier Faliez, Fanny Santer, Marie-Céline Tuvache

 

La famille est une lutte sans classe.

 

Le Lucernaire a eu encore une fois la main heureuse en programmant ce spectacle exigeant et inventif.

L'histoire en bref. Dans cette famille rien ne va plus : la mère commence manifestement à fondre un fusible, le père l'a visiblement déjà fondu, quant aux enfants, s'ils font ce qu'ils peuvent pour maintenir un semblant de normalité, le prix à payer est de plus en plus lourd pour eux. Il semble pourtant qu'il y ait des raisons objectives à cette débandade générale, mais les non-dits et le contexte social pèsent sur les corps et les âmes : il n'y a pas d'issues de secours ici !

De l'hyper-affectivité de la mère qui voudrait réunir tout le monde autour d'un repas qu'elle n'est plus capable ni de cuisiner, ni de financer, à la phobie hygiéniste du père qui tyrannise l'entourage à coups de lingettes microfibrées, en passant par le garçon qui se réfugie dans les jeux violents, jusqu'à la fille de 16 ans qu'angoissent déjà les problèmes de retraite, on sent bien venir la catastrophe.

On remarque d'emblée la qualité du texte de Julie Aminthe, dont les phrases toutes en spirales enferment ses personnages dans des camisoles invisibles. La famille n'en est pas moins montrée avec justesse et tendresse, et l'espoir que les enfants ne tombent pas dans le même piège que leurs parents est suggéré.

La mise en scène de  Dimitri Klockenbring est sobre, précise. Le choix du découpage de l'espace domestique en trois entités tels des tatamis est excellent. Rythmée en tableaux, l'histoire avance vite, en écartant un parti pris trop réaliste, nous sommes toujours un peu pris de court, désorientés, et cela contribue à l'intérêt de l'ensemble. Rien de convenu dans ce spectacle bref et tendu !

Gros travail également sur la lumière et sur le son qui apportent vraiment pour une fois au spectacle une dimension supplémentaire.

Seul bémol, un démarrage un peu mouligas avec une mère à la voix exagérément horripilante au début. Mais je chipote.

Côté comédiens, chacun donne peu à peu à son personnage une vérité troublante. Une réussite !

 

En résumé, avec cette pièce nous sommes ici dans le cœur battant du vrai Théâtre où se réinvente sans cesse la vie et la façon de la montrer.

 

Avec qui ? En famille, avec la promesse de faire après le spectacle, un vrai repas.

 

Au Lucernaire, jusqu'au 28 juin

 

MB