BRIGADE FINANCIERE

 

BRIGADE FINANCIERE de Hugues Leforestier

 

avec Nathalie Mann, Hugues Leforestier

 

 

Si je t'attrape, tu me mords !

 

Un grand patron dans les locaux miteux de la Brigade Financière, ce n'est pas très courant. Quand l'audition se transforme en garde à vue, encore moins. C'est qu'on les aime en France nos grands patrons ! Et qu'on y regarde à deux fois avant de leur faire de la peine ou de les déranger pour de simples irrégularités. C'est aussi, bien sûr, qu'ils savent se défendre, très bien se défendre. Mais d'un autre côté, il y a la loi. Et il y a des gens payés pour la faire respecter. Et il y a même parmi ces gens-là certains qui y croit : comme cette commissaire qui voudrait bien inscrire un de ces patrons-voyous à son tableau de chasse. Seulement voilà, l'animal ne se laisse pas capturer comme ça, il connaît la musique.

La lutte entre le bien et le mal, c'est rien de moins que l'enjeu de cet interrogatoire où chacun joue, sinon sa peau, du moins sa carrière ou sa liberté.

La pièce est bien rythmée, avec un crescendo habile et une économie de moyens tant en mise en scène (Anne Bourgeois) qu'en décors - qui ne nuit pas au propos. Mais si on assiste agréablement à la joute verbale, on demeure un peu extérieur. Une direction d'acteur plus musclée permettrait certainement de croire plus tôt à la situation. La faute sans doute aussi à un texte qui dit tout tout le temps, qui ne laisse pas assez de zones d'ombre dans la psychologie des personnages, et qui se place trop ou trop vite sur un plan idéologique (Gauche/Droite). Cela dit, l'interrogatoire comme moyen dramaturgique est très pertinent et permet ici d'introduire de la subjectivité et de l'émotion.

C'est horrible à dire, mais les moments les plus savoureux du spectacle sont souvent ceux où le grand patron nie l'évidence de sa culpabilité, ment comme un arracheur de dents et se sert des mots de la justice pour masquer ses propres injustices ! Avocat de sa propre cause, tout à la fois anguille et serpent à sonnette ! Le Diable a toujours le dernier mot !

Pourtant, on a le sentiment à la fin d'être passé un peu à côté de ce qui aurait dû être le vrai rapport de force entre un homme de pouvoir et une femme de droit, et même plus prosaïquement entre un homme et une femme.

D'autant que les deux comédiens ont une belle présence et sont capables d'aller loin.

 

En bref, c'est très bien fait, et abus de bien social, optimisation fiscale et rétro-commissions n'auront plus de secrets pour vous.

 

Avec qui ? Votre cousin luxembourgeois qui s'emmerde à Paris. Ça lui rappellera le bon vieux temps.

 

AU CINE 13 THEATRE

 

MB