DES SOURIS ET DES HOMMES

 

DES SOURIS ET DES HOMMES de John Steinbeck

 

avec Philippe Ivancic, Jean-Philippe Evariste, Jean Hache, Jacques Bouanich, Emmanuel Dabbous, Henri Déus, Emmanuel Lemire, En alternance : Alyzée Costes, Agnès Ramy, Augustin Ruhabura, Bruno Henry, Hervé Jacobi, Pascal Ivancic

 

On n'achève pas que les chevaux...

 

On ne présente plus le roman de Steinbeck. Une histoire simple, brutale et poétique qui propulse l'épopée de George et Lennie au niveau d'un mythe.

Un petit rappel cependant : ça se passe aux States pendant la grande dépression des années 30. Deux journaliers, un petit malin et un grand costaud pas malin du tout arrivent dans un ranch pour y travailler à charger du grain. Le costaud, Lennie, est retardé mentalement, et bien qu'exempt de méchanceté, il est maladroit et peut devenir imprévisible s'il se sent menacé. Alors George doit veiller tout le temps sur lui. Leur rêve commun, c'est de se payer un bout de terre rien qu'à eux, là ou personne ne pourra leur donner des ordres, ni leur faire du mal. Mais dans le ranch où ils débarquent, il y a Curley, le fils du patron, un petit gars vindicatif, et surtout sa femme, une jolie fille qui s'ennuie et qui passe son temps à exciter les hommes.

Formidable œuvre sur ce qui réuni et oppose les êtres, critique sociale impitoyable, traitant à la fois du handicap et du racisme, on peut dire que l'adaptation pour les planches est une réussite en ce qu'elle convient parfaitement à la tragédie de Steinbeck. La mise en scène de Jean-Philippe Evariste et de Philippe Ivancic est un exemple de classicisme. Pas de fioritures, l'action et le texte : rien de mieux pour défendre l'énorme charge dramaturgique du roman !

On regrettera toutefois un décor un peu froid et manquant de « matière ». Difficile en effet de se croire dans un ranch californien tellement tout est propret. Ainsi qu'une création lumière quasi-inexistante (ou alors subliminale) transformant le parti pris du décor réaliste, mais stylisé, en un misérabilisme austère.

Côté comédiens, grande qualité d'interprétation, en particulier de Lennie (formidable Philippe Ivancic), de Candy (Jean Hache) et de Carlson (Jacques Bouanich). Une petite incompréhension toutefois pour Curley, dont l'interprète n'a ni l'âge, ni le physique du rôle. (La scène de la bagarre est franchement a oublier.)

En revanche, celle où se décide le sort du vieux chien de Candy est un des moments les plus forts que l'on puisse voir dans un théâtre !

 

Bref, malgré quelques faiblesses, ce spectacle archi-rodé touche sa cible. Et donne envie de lire ou de relire le roman.

 

Avec qui ? Votre ado de 15 ans, geek et boutonneux, pour qui ouvrir un livre revient à utiliser deux silex pour faire du feu.

 

MB