THE SERVANT

 

THE SERVANT de Robin Maugham

 

avec Maxime D'Aboville, Xavier Lafitte, Alexie Ribes, Adrien Melin, Roxane Bret

 

Mise en scène Thierry Harcourt


Le service est compris.

 

Tout d'abord roman, puis film culte de Joseph Losey sur une adaptation de Harold Pinter,  The Servant  est l'histoire d'une inversion des polarités entre un valet de chambre et son maître.

Pour ceux qui rateraient le début de la pièce : Tony, jeune aristocrate qu'aucune ambition n'habite, emménage dans une vaste maison londonienne et prend un major d'homme à son service du nom de Barrett. Ce dernier sait se montrer très vite indispensable au point de prendre un ascendant psychologique grandissant sur lui. Malgré les réticences de Sally, sa presque fiancée, et les mises en garde de Richard, son meilleur ami, la spirale infernale devient irréversible quand Barret le convainc de prendre à son service Vera, qu'il fait passer pour sa nièce...

L'adaptation de Laurent Sillan fonctionne comme un thriller psychologique. On voit tout de suite que quelque chose ne va pas : la situation est fausse, la parole enchaîne les personnages plus qu'elle ne les libère, et tout cela conduit à des zones d'ombre que nul ne veut ou ne peut nommer... Il n'y a pas de secours possible ici, et la résignation de l'aristocrate Tony, devenant le jouet  à l'insu de son plein gré  de son domestique Barret finit par casser tous les codes sociaux et moraux !

Cependant, si l'ambiguïté d'une dualité sociétale et sexuelle du type dominant/dominé est bien montrée dans cette pièce efficacement mise en scène par Thierry Harcourt, on regrette une direction d'acteur proposant des personnages un peu trop nets, tranchés, un parti pris presque explicatif en somme, quand le sujet exigerait plutôt de la suggestion et d'infinies nuances de gris. De même le thème de l'homosexualité, partie immergée de l'œuvre, semble presque absent ici, alors même que lui seul peut permettre de comprendre les motivations parfois obscures de Barret et le lâcher-prise de Tony.

Pourtant, malgré ce bémol, le charme vénéneux de l'histoire opère parfaitement. On est happé dès l'arrivée de Barret, le valet de chambre servile et orgueilleux, c'est à dire dès le début de la pièce !

Coté interprétation, il serait injuste de distinguer un comédien plutôt qu'un autre, tant ils sont parfaits de justesse et de rigueur, comme mus par la tension permanente d'un aimant invisible.

 

En bref, une pièce fascinante tant sur le fond que dans sa forme !

 

Avec qui ? Emmenez-y vos employés de maison, ils vont adorer !

 

Au Poche Montparnasse.

 

MB