UNE CHANCE INESTIMABLE

 

UNE CHANCE INESTIMABLE de Fabrice Donnio

 

avec Guillaume Bouchède, Alain Bouzigues, Fabrice Donnio, Marie Montoya

 

Suicide, contre-mode d'emploi.

 

Les pièces se suivent au Théâtre des Béliers parisiens et la qualité demeure. Après l'excellent Cercle des illusionnistes, voici un spectacle de pure comédie qui ouvre brillamment la nouvelle année.

Le postulat de départ est le suivant : à l'instant de commettre l'irréparable, un désespéré se voit attribuer un moment de réflexion. Débarquent alors chez lui trois envoyés du ciel qui ont pour mission de le convaincre de ne pas mettre fin à ses jours. Or, ces intercesseurs sont eux-mêmes des suicidaires étant passés à l'acte, et cherchant à présent à gagner des points afin de se réincarner.

Bon, je vois déjà votre front plissé à la lecture de ces lignes, mais je ne vous ai pas encore dit l'essentiel : ces trois anges (ou démons) sont des personnages célèbres : Gérard de Nerval, Cléopâtre et Adolf Hitler en personne !

Certes, il y a toutes les raisons de fuir d'emblée, mais, et c'est là tout le talent de l'écriture de Fabrice Donnio lié à la mise en scène d'Arthur Jugnot et David Roussel, cela tient parfaitement la route ! Les personnages existent par delà leur caricature, ils ont une épaisseur, une humanité, ou dans le cas du Führer, une inhumanité criante ! Il faut voir le pauvre Kérian (eh oui !) se débattre avec ces trois calamités au milieu de son salon ! Tentant de comprendre l'incompréhensible, puis de résister à ces personnalités envahissantes aux égos sur-dimensionnés ! La sincérité du jeu des comédiens et la perfection des costumes aidant, on se surprend même à penser que si cela se trouve, ils étaient peut-être tout à fait comme ça, physiquement et mentalement !

La scénographie est par ailleurs un exemple d'efficacité, pleines de trouvailles, qui cache fort bien ses effets. Pas d'esbroufe gratuite, ici tout est au service de la situation et des personnages.

Mention spéciale pour Guillaume Bouchède qui croque un Gérard de Nerval tout en finesse et en fantaisie, et surtout surtout pour le comédien Alain Bouzigues (déjà épatant dans Ticket Gagnant) et qui nous donne cette fois un Hitler d'autant plus inquiétant qu'il sait se montrer séduisant et drôle ! Lubitsch, encore une fois, n'est pas loin.

 

Bref, une farce enlevée, mais jamais vulgaire d'où l'on sort en ayant mal à la mâchoire.

 

Avec votre cousine de Châtenay-Malabry qui vient de se faire plaquer, et qui se retrouve seule, au chômage et avec trois enfants. Cela sera peut-être la seule occasion de la voir rire en 2015.

 

Théâtre des Béliers parisiens.

 

MB