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LE CERCLE DES ILLUSIONNISTES d'Alexis Michalik
avec Jeanne Arènes, Maud Baecker, Michel Deville, Arnaud Dupont, Vincent Joncquez, Mathieu Métral
Ça a commencé comme ça....
Pièce à tiroirs où chaque scènette constitue la poupée russe de l'autre. Spectacle s'enroulant sur lui-même comme la structure d'une molécule d'A.D.N. Histoire fonctionnant sur deux espaces temps style Retour vers le Futur, tout ça à cent à l'heure avec changement de décors et de costumes express : il n'en fallait pas moins pour raconter la vie et l'œuvre de Jean-Eugène Robert Houdin (ne pas confondre avec l'américain Houdini qui lui emprunta son nom) et qui fut le plus grand des plus grands illusionnistes du 19eme siècle, et celle de Georges Méliès, inventeur de la fiction cinématographique.
C'est donc toute la vie de Robert Houdin qui défile sous nos yeux depuis sa passion de l'horlogerie et des automates jusqu'à l'ouverture de son théâtre de l'illusion dans le Paris d'Eugène Sue, et sa maîtrise de l'électricité appliquée au rêve ...ainsi que celle de Georges Méliès, qui nous conduit des chaussures de luxe paternelles à son amour de la magie, puis à la découverte du cinéma et à l'invention des trucages.
Mais tout cela serait trop simple pour l'écrivain et metteur en scène Alexis Michalik, qui entrecroise trois récits - deux historiques et un autre actuel - avec une élégance, une légèreté et un brio inégalé. Ce qui passionne en effet cet auteur à l'imagination rare, ce sont les passerelles qui mènent d'un monde à l'autre : il n'y a pas ici de frontières étanches entre la magie et le réel.
L'histoire parallèle où une jolie demoiselle dénommée Avril parvient à faire tomber amoureuse d'elle un gentil garçon nommé Décembre qui se révèle être le père de l'enfant qu'elle porte, bien que celui-ci n'ait jamais rencontrée cette fille auparavant, montre bien un génie escamoteur digne des deux grands maîtres de l'illusion.
Recherche de filiation, relation entre science et manipulation, autant de thèmes sous-jacents à ce spectacle toujours pertinent et joyeux.
Malgré une scène un peu longuette en roulotte (là où Houdin trouva la Voie) la pièce bat un rythme d'enfer du début à la fin, et finit par rassembler tous les fils en un seul lieu avec une maestria bluffante. Une réussite.
Bref, l'enfant qui sommeille en nous en prend plein les yeux.
Avec qui ? Son amoureux. Devrait être proposé en pack avec visite des catacombes, diner où on mange dans le noir, et premier baiser sous la Tour Eiffel à l'instant où celle-ci s'illumine...
Jusqu'au 4 janvier aux Béliers parisiens
MB