LE DÉNI D'ANNA

LE DÉNI D'ANNA de Isabelle Jeanbrau

 

 

 

Mise en scène de l'auteur

 

Avec Benjamin Egner, Karine Huguenin ou Sandra Parra, Cécile Magnet, Matthias Guallarano, Thibaut Wacksmann

Guitare et composition : Daniel Jea

Batterie : France Cartigny ou Bertrand Noël ou Maxime Aubry

 

Une fois de plus le Lucernaire joue son rôle de promotion d'un théâtre inventif et sensible.

 

C'est le cas avec ce spectacle où la famille est le cadre d'un drame déguisé en comédie, et inversement.

L'histoire est donc celle d'une femme qui meurt et laisse orpheline toute sa petite tribu composée de sa propre mère, de son frère, de son mari et de leurs deux enfants. Or, chacun s'emploie tellement à ne pas paraître affecté par l'horreur de la situation - en affichant au contraire une gaîté et un entrain suspect - que le temps de l'expression de la douleur et le travail du deuil ne peuvent commencer ni se faire. Au point que la grand-mère - qui seule se laisse envahir par son chagrin - parait impudique, décalée et exagérée.

Car tout est ici fait pour qu'on ne sache pas trop s'il faut en rire ou en pleurer, tant les personnages - confrontés à la maladie et à la mort d'un proche, mais dans le déni de celui-ci - deviennent des caricatures de sitcoms en tentant de préserver une normalité fausse.

La pièce se déroule en deux temporalités : 20 ans plus tard, les enfants ont grandi, et encore une fois, chacun parait prisonnier de sa propre camisole, incapable d'écoute ou de compassion. La vie passe... et quand est prise la décision de l'achat d'une concession au cimetière, le père ne sait plus où il a bien pu fourrer l'urne !

Dans cette tragi-comédie qui prouve que les situations les plus quotidiennes sont souvent celles qui révèlent le mieux l'humain, la partition musicale est à la fois personnage et acteur : quelques notes de guitare, et c'est la présence de celle dont on ne prononce pas le nom qui soudain envahit le plateau !

 

Défendue par une bonne troupe, cette pièce parfaitement mise en scène souffre toutefois d'un texte qui veut beaucoup en dire sur trop de sujets à la fois. De plus, cela crie un peu parfois au détriment de nuances plus subtiles.

 

Sinon, un spectacle drôle et émouvant comme la vie.

 

MB