LA DISCRÈTE AMOUREUSE

LA DISCRETE AMOUREUSE de Félix Lope de Vega

 

avec Suzanne Aubert, Nassima Ben Chicou, Nicolas Lumbreras, Pablo Penamaria, Jean-Philippe Puymartin, Thomas Solivéres Françoise Thuries

 

Attrape-moi, si tu peux !

 

Contemporain de Cervantes, poète et dramaturge, Lope de Vega (à cheval entre le 16°et le 17°, le siècle d'or espagnol) inventa rien de moins que la comédie moderne. Cet auteur prolifique, dont la vie est un roman, écrivit des centaines de pièces, dont cette discreta enamorada.

Bon, la photo de départ est on ne peut plus classique : Fénissa, jeune fille cloitrée par une mère psycho-rigide est éprise en secret de son voisin : un beau et jeune gentilhomme dénommé Lucindo. Or, celui-ci est de son côté fort épris de Gérarda, demi-mondaine, qui le fait tourner en bourrique en faisait semblant d'aimer à son tour le très viril Pablo. L'action se noue quand le propre père de Lucindo, le Capitaine Bernardo, ambitionne d'épouser la douce Fénissa.

Plus que l'amour, la jalousie est le cœur même de ce qui fait agir les personnages, et c'est bien ce qui rend si particulier le théâtre de Lope de Vega : si les sentiments existent, ils sont le plus souvent à la remorque du désir, de la convoitise et de la rivalité. Seuls, peut-être, le valet de Lucindo qui n'agit pas pour lui-même, et surtout l'habile Fénissa - dont l'amour lui suggère les stratagèmes les plus hardis - semblent échapper à cette malédiction. C'est d'ailleurs amusant de voir que le valet est plus fin que le maître, et que la moins expérimentée de tous est celle qui mène le bal.

Des masques, des travestissements, des quiproquos, des rebondissements en chaine : on ne s'ennuie pas chez Vega, d'autant que cela n'est jamais gratuit, mais toujours au service de l'action. Le texte est par ailleurs somptueux, à la fois direct et spirituel.

Justine Heynemann signe-là une mise en scène toute en énergie dans un décor modulaire simple et beau, une réussite.

Une interprétation exemplaire chapeaute cette création jubilatoire (qui aurait peut-être gagné à être raccourcie d'un quart-d'heure).

 

Bref, jetez vos comprimés vitaminés à la poubelle et courrez voir cette Discrète amoureuse !

 

Avec qui ? Votre neveu de 15 ans, un peu trop naïf. Il apprendra qu'avec les filles, c'est jamais gagné.

 

Jusqu'au 12 avril, au Théâtre 13

 

MB